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Mais, continuons le tableau des injustices de vos loix : un homme, je le suppose, en maltraite un autre, puis convient avec le lézé d’un dédommagement ; voilà l’égalité : l’un a les coups, l’autre à de moins l’argent qu’il a donné pour avoir appliqué les coups, les choses sont égales ; chacun doit être content ; cependant tout n’est pas fini : on n’en n’intente pas moins un procès à l’agresseur ; et quoiqu’il n’ait plus aucune espèce de tort, quoiqu’il ait satisfait au seul qu’il ait eu, et qu’il ait satisfait au gré de l’offensé, on ne l’en poursuit pas moins sous le scandaleux et vain prétexte d’une réparation à la justice. N’est-ce donc pas une cruauté inouie ! Cet homme n’a fait qu’une faute, il ne doit qu’une réparation : ce que doit faire la justice, c’est d’avoir l’œil à ce qu’il y satisfasse ; dès qu’il l’a fait, les juges n’ont plus rien à voir ; ce qu’ils disent, ce qu’ils font de plus, n’est qu’une vexation atroce sur le Citoyen, aux dépens de qui ils s’engraissent impunément, et contre laquelle