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L’univers entier se conduirait par une seule loi, si cette loi était bonne. Plus vous inclinez les branches d’un arbre, plus vous donnez de facilité pour en dérober les fruits ; tenez-les droites et élevées, qu’il n’y ait plus qu’un seul moyen de les atteindre, vous diminuez le nombre des ravisseurs. Établissez l’égalité des fortunes et des conditions, qu’il n’y ait d’unique propriétaire que l’état, qu’il donne à vie à chaque sujet tout ce qu’il lui faut pour être heureux, et tous les crimes dangereux disparaîtront, la constitution de Tamoé vous le prouve. Or, il n’est rien de petit qui ne puisse s’exécuter en grand. Supprimez, en un mot, la quantité de vos loix et vous amoindrirez nécessairement celle de vos crimes. N’ayez qu’une loi, il n’y aura plus qu’un seul crime ; que cette loi soit dans la nature, qu’elle soit celle de la nature, vous aurez fort peu de criminels ; regarde maintenant, jeune homme, considère avec moi lequel vaut mieux ou de chercher le moyen de punir