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souffrir ce mal, que l’homme ne supporterait la privation du léger délit qui le charme, doit sans doute tolérer ce petit mal, plutôt que de le punir.

Qu’un législateur philosophe, guidé par cette sage maxime, fasse passer en revue devant lui, tous les crimes contre lesquels vos loix prononcent, qu’il les approfondisse tous, et les toise, s’il est permis d’employer cette expression, au véritable bonheur de la société, quel retranchement ne fera-t-il pas ?

Solon disait qu’il tempérait ses loix et les accommodait si bien aux intérêts de ses concitoyens, qu’ils connaîtraient évidemment, qu’il leur serait plus avantageux de les observer, que de les enfreindre ; et en effet, les hommes ne transgressent ordinairement que ce qui leur nuit ; des loix assez sages, assez douces pour s’accorder avec la nature, ne seraient jamais violées. — Et pourquoi donc les croire impossibles. Examinez les miennes et le peuple pour qui je les ai faites, et vous verrez si