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lequel le plus fort eut l’art, en lui cédant, d’entraîner le plus faible.

C’était par une entière égalité des fortunes et des conditions, qu’il fallait énerver la puissance du plus fort, et non par de vaines loix qui ne sont, comme le disait Solon, que des toiles d’araignées où les moucherons périssent, et desquelles les guêpes trouvent toujours le moyen de s’échapper.

Eh ! que d’injustices d’ailleurs, que de contradictions dans vos loix Européennes ? Elles punissent une infinité de crimes qui n’ont aucune sorte de conséquence, qui n’outragent en rien le bonheur de la société, tandis que, d’autre part, elles sont sans vigueur sur des forfaits réels et dont les suites sont infiniment dangereuses. Tels que l’avarice, la dureté d’ame, le refus de soulager les malheureux, la calomnie, la gourmandise et la paresse contre lesquelles les loix ne disent mot, quoiqu’ils soient des branches intarissables de crimes et de malheurs.