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Mais de toutes ces loix, la plus affreuse sans doute, est celle qui condamne à la mort un homme qui n’a fait que céder à des inspirations plus fortes que lui. Sans examiner ici s’il est vrai que l’homme ait le droit de mort sur ses semblables, sans m’attacher à vous faire voir qu’il est impossible qu’il ait jamais reçu ce droit ni de Dieu, ni de la nature, ni de la première assemblée où les loix s’érigèrent, et dans laquelle l’homme consentit à sacrifier une portion de sa liberté pour conserver l’autre ; sans entrer, dis-je, dans tous ces détails déjà présentés par tant de bons esprits, de manière à convaincre de l’injustice et de l’atrocité de cette loi, examinons simplement ici quel effet elle a produit sur les hommes depuis qu’ils s’y sont assujettis. Calculons d’une part toutes les victimes innocentes sacrifiées par cette loi, et de l’autre toutes les victimes égorgées par la main du crime et de la scélératesse. Confrontons ensuite le nombre des malheureux vraiment coupables qui ont péri