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partie et d’où dépendent la fortune, l’honneur et la vie du citoyen… Et combien d’ailleurs la malheureuse facilité donnée au magistrat, d’interpréter la loi comme il le veut, ne rend-elle pas cette loi bien plus l’instrument de ses passions, que le frein de celles des autres ?

Telle pureté que puisse avoir cette loi ne devient-elle pas toujours très-abusive, dès qu’elle est susceptible d’interprétation par le juge ? L’objet du législateur était-il qu’on pût donner à sa loi autant de sens que peut en avoir le caprice ou la fantaisie de celui qui la presse ; ne les eût-il pas prévu s’il les eût cru possibles ou nécessaires ? Voilà donc la loi insuffisante aux uns, inutile aux autres, abusive ou dangereuse presque dans tous les cas, et vous voilà forcé de convenir que ce que l’homme a pu gagner en se mettant sous la protection de cette loi, il l’a bien perdu d’ailleurs et par tous les dangers qu’il court en vivant sous cette protection, et par tous