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berté pour conserver l’autre, si dans le fait il vient à les perdre toutes deux ; la première des loix est celle de la nature, c’est la seule dont l’homme ait vraiment besoin. Le malfaiteur dans l’ame duquel il ne sera pas empreint de ne point faire aux autres ce qu’il ne voudrait pas qui lui fût fait, sera rarement arrêté par la frayeur des loix. Pour briser dans son cœur ce premier frein naturel, il faut avoir fait des efforts infiniment plus grands que ceux qui font braver les loix. L’homme vraiment contenu par la loi de la nature, n’aura donc pas besoin d’en avoir d’autres, et s’il ne l’est point par cette première digue, la seconde ne réussira pas mieux ; voilà donc la loi peu nécessaire dans le premier cas, parfaitement inutile dans le second ; réfléchissez maintenant à la quantité de circonstances qui de peu nécessaire ou d’inutile, peuvent la rendre extrêmement dangereuse : l’abus de la déposition des témoins, l’extrême facilité de les corrompre, l’incertitude des aveux du cou-