Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/370

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

duplicité de ce meurtre, il n’y a rien à gagner ni pour la vertu que vous faites rougir, ni pour la nature que vous outragez. — Mais faut-il donc laisser les crimes impunis, dis-je à Zamé, et comment les anéantir sans cela, dans tout gouvernement qui n’est pas constitué comme le vôtre ? — Je ne vous dis pas qu’il faille laisser subsister les crimes, mais je prétends qu’il faut mieux constater, qu’on ne le fait, ce qui véritablement trouble la société, ou ce qui n’y porte aucun préjudice ; ce dol une fois reconnu sans doute, il faut travailler à le guérir, à l’extirper de la nation, et ce n’est pas en le punissant qu’on y réussit ; jamais la loi, si elle est sage, ne doit infliger de peines que celle qui tend à la correction du coupable en le conservant à l’État. Elle est fausse dès qu’elle ne tend qu’à punir ; détestable, dès qu’elle n’a pour objet que de perdre le criminel sans l’instruire, d’effrayer l’homme sans le rendre meilleur, et de commettre une infamie égale à celle de l’infracteur,