Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

or, la prison ne peut assurément être utile à celui qu’on y met, puisqu’il est démontré qu’on ne doit qu’empirer au milieu des dangers sans nombre de ce genre de vexation. La détention se trouvant secrète, comme le sont ordinairement celles de France, elle ne peut plus être bonne pour l’exemple puisque le public l’ignore. Ce n’est donc plus qu’un impardonnable abus que tout condamne et que rien ne légitime ; une arme empoisonnée dans les mains du tyran ou du prévaricateur ; un monopole indigne entre le distributeur de ces fers et l’indigne fripon qui, nourrissant ces infortunés, ne néglige ni le mensonge, ni la calomnie pour prolonger leurs maux ; un moyen dangereux indiscrètement accordé aux familles, pour assouvir sur un de leurs membres (coupable ou non) des haines, des inimitiés, des jalousies et des vengeances, dans tous les cas enfin, une horreur gratuite, une action contraire aux constitutions de tout gouvernement, et que les