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cution de ces idées que je suis parvenu à rendre ce peuple heureux.

Quant aux récompenses que j’emploie, continua Zamé, elles consistent en des grades militaires ; quoique tous soient nés soldats pour la défense de la Patrie, quoique tous soient égaux là comme chez eux, il leur faut pourtant des officiers pour les exercer, il leur en faut pour les conduire à l’ennemi : ces grades sont la récompense du mérite et des talens : je fais un bon maçon lieutenant des phalanges de l’État ; un Citoyen unanimement reconnu pour intelligent et vertueux, deviendra capitaine ; un agriculteur célèbre sera major, ainsi du reste : ce sont des chimères, mais elles flattent ; il ne s’agit, ni de donner trop de rigueur aux punitions, ni de donner trop de valeur aux récompenses ; il n’est question que de choisir, dans le premier cas, ce qui peut humilier le plus, et dans le second, ce qui a le plus d’empire sur l’amour-propre. La manière d’amener l’homme à tout ce qu’on veut, dépend de ces deux seuls moyens ;