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moins atroces, on le ramènerait à la vertu, et peut-être un jour à l’héroïsme. Nos punitions ne consistent ici que dans l’opinion établie : j’ai bien étudié l’esprit de ce peuple ; il est sensible et fier, il aime la gloire ; je les humilie lorsqu’ils font mal : quand un Citoyen a commis une faute grave, il se promène dans toutes les rues entre deux crieurs publics, qui annoncent à haute voix le forfait dont il s’est souillé ; il est inoui combien cette cérémonie les fâche, combien ils en sont pénétrés, aussi je la réserve pour les plus grandes fautes[1] ; les légères sont moins châtiées : un ménage nonchalant, par exemple, qui entretient mal le bien que l’État lui confie, je le change de maison, je l’établis dans une terre inculte, où il lui faut le double de soins et de peines pour retirer sa nourriture de la terre ; est-il devenu plus actif, je lui

  1. Excepté cependant pour le meurtre, plus sévèrement puni, et dont Zamé parlera plus bas.