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élèves à desirer d’égaler ceux qui font bien, à faire mieux, s’il est possible ; mais à ne point les envier, parce que l’envie ne les conduirait qu’à une situation d’ame affligeante et pénible, au lieu que les efforts qu’ils feront pour surpasser celui qui mérite des récompenses, les amèneront à cette jouissance intérieure que nous donne la louange. Ces principes, inculqués dès le berceau, détruisent toute semence de haine : on aime mieux imiter, ou surpasser, que haïr, et tous parviennent insensiblement à la vertu. — Et vos punitions ? — Elles sont légères, proportionnées aux seuls délits possibles dans notre Nation ; elles humilient, et ne flétrissent jamais, parce qu’on perd un homme en le flétrissant, — et qu’au moment ou la société le rejette, il ne lui reste plus d’autre parti que le désespoir, ou l’abandon de lui-même, excès funestes, qui ne produisent rien de bon, et qui conduisent incessamment ce malheureux au suicide ou à l’échafaud ; tandis qu’avec plus de douceur et des préjugés