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un Dieu et travailler sur d’autres individus que l’homme, pour absorber entièrement le crime sur la terre ; mais comparez ceux qui peuvent rester dans la nature de mon Gouvernement, avec ceux où le Citoyen est nécessairement conduit par la vicieuse organisation des vôtres. Ne le punissez donc pas quand il fait mal, puisque vous le mettez dans l’impossibilité de faire bien ; changez la forme de votre Gouvernement, et ne vexez pas l’homme, qui, quand cette forme est mauvaise, ne peut plus y avoir qu’une mauvaise conduite, parce que ce n’est plus lui qui est coupable, c’est vous… vous, qui pouvant l’empêcher de faire mal en variant vos loix, les laissez pourtant subsister, toutes odieuses qu’elles sont, pour avoir le plaisir d’en punir l’infracteur. Ne le prendriez-vous pas pour un féroce, celui qui ferait périr un malheureux pour s’être laissé tomber dans un précipice où la main même qui le punirait viendrait de le jetter ? Soyez justes : tolérez le crime, puisque le vice de votre Gouver-