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de jouir, puisque c’est l’âge qui donne des biens, et jamais la mort des parens ; cette mort n’étant plus desirée, plus de parricides, de fratricides, et d’autres crimes si atroces, que le nom seul n’en devrait jamais être prononcé.

Peu de suicides, l’infortune seule y conduit : ici, tout le monde étant heureux, et tous l’étant également, pourquoi chercherait-on à se détruire ?

Point d’infanticides : pourquoi se déferait-on de ses enfans, quand ils ne sont jamais à charge, et qu’on n’en peut retirer que des secours ? Le désordre des jeunes gens étant impossible, puisqu’ils n’entrent dans le monde que pour se marier, la fille de famille n’est plus exposée comme chez vous au déshonneur ou au crime ; faible, séduite et malheureuse, elle n’existe plus, comme chez vous, entre la flétrissure et l’affreuse nécessité de détruire le fruit infortuné de son amour.

Cependant, je l’avoue, toutes les infractions ne sont pas anéanties ; il faudrait être