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alors deux ménages changent réciproquement ; mais il y a tant de moyens de se satisfaire en adoptant les nœuds de l’hymen, les entraves en sont si légères, qu’il est bien rare que la galanterie vienne souiller ces nœuds.

Les fonds qui doivent nourrir les époux étant tous de même valeur, le choix préside seul à la formation de leurs liens. Toutes les filles étant également riches, tous les garçons ayant la même portion de fortune, ils n’ont plus que leurs cœurs à écouter pour se prendre. Or, dès qu’on a toujours mutuellement ce qu’on désire, pourquoi changerait-on ? et si l’on veut changer dès qu’on le peut, quel motif, dès-lors, engagerait à aller troubler le bonheur des autres ? Il y a pourtant quelques intrigues, ce mal est inévitable ; mais elles sont si rares et si cachées, ceux qui les ont ou qui les souffrent en éprouvent tous une telle honte, qu’il n’en résulte aucune sorte de trouble dans la société : point d’imprudences, point de plaintes, fort peu de