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et la tendre et délicieuse Zilia posant la main sur son cœur, et regardant son mari avec autant de grâce que de modestie, lui dit en rougissant : voilà votre bien. Toutes les femmes se mirent à rire, et je vis alors qu’elle était la gaîté, la candeur et la touchante félicité qui régnait chez cet heureux peuple.

Je demandai à Zamé pourquoi les maris n’étaient pas avec leurs femmes ? — Pour vous faire juger les sexes à part, me dit-il, demain vous ne verrez que les jeunes gens, après-demain nous les réunirons ; j’ai peu de plaisirs à vous donner, je les ménage.

Ces femmes intéressantes animées par la présence de l’adorable épouse de leur chef, qui les encourageait et qui les aimait, se livrèrent le reste du jour à mille innocens plaisirs, qui, les plaçant dans nombre d’attitudes diverses, me développèrent leurs graces naturelles, et acheva de me convaincre de la douceur et de l’aménité de leur caractère ; elles exécutèrent plusieurs