Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doux qui m’entourent, je n’aurais pas eu besoin de ces précautions ; vos barbares compatriotes m’y forcent, je ne les emploierai jamais qu’à regret.

Tel fut l’attirail formidable avec lequel, au bout de vingt ans, je rentrai dans ma Patrie ; j’eus le bonheur d’y retrouver mon père et d’y recevoir encore ses conseils ; il fit briser les vaisseaux que j’amenais, il craignit que cette facilité d’entreprendre de grands voyages n’allumât la cupidité de ce bon peuple, et qu’à l’exemple des Européens, l’espoir de s’enrichir ailleurs ne vint troubler sa tranquillité. Il voulut que ce peuple aimable et pacifique, heureux de son climat, de ses productions, de son peu de loix, de la simplicité de son culte, conservât toujours son innocence en ne correspondant jamais avec des Nations étrangères, qui ne lui inculqueraient aucune vertu, et qui lui donneraient beaucoup de vices. J’ai suivi tous les plans de ce respectable et cher auteur de mes jours, je les ai améliorés quand j’ai cru le pouvoir : nous