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sans savoir la cause qui les meut, vont stupidement verser leur sang pour une discussion qui non seulement leur est indifférente, mais dont ils ne se doutent même pas. Ayez chez vous une bonne et solide administration ; ne variez pas ceux qui la dirigent au plus petit caprice de vos souverains où à la plus légère fantaisie de leurs maîtresses ; un homme qui s’est instruit dans l’art de gouverner, un homme qui a le secret de la machine, doit être consideré et retenu ; il est imprudent de confier ce secret à tant de citoyens à la fois ; qu’arrive-t-il d’ailleurs quand ils sont sûrs de n’être élevés qu’un instant ? Ils ne s’occupent que de leurs intérêts et négligent entièrement les vôtres. Fortifier vos frontières, rendez-vous respectables à vos voisins. Renoncez à l’esprit de conquêtes, et n’ayant jamais d’ennemis, ne devant vous occuper qu’à garantir vos limites, vous n’aurez pas besoin de soudoyer une si grande quantité d’hommes en tout tems ; vous rendrez, en les reformant, cent mille