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infailliblement à nous si nous avions besoin de secours ; mais elles nous seraient inutiles ; attaquées par l’ennemi, tous nos citoyens alors deviendraient soldats : il n’en est pas un seul qui ne préférât la mort à l’idée de changer de gouvernement : voilà encore un des fruits de ma politique ; c’est en me faisant aimer d’eux que je les ai rendu militaires ; c’est en leur composant un sort doux, une vie heureuse, c’est en faisant fleurir l’agriculture, c’est en les mettant dans l’abondance de tout ce qu’ils peuvent desirer, que je les ai liés par des nœuds indissolubles ; en s’opposant aux usurpateurs, ce sont leurs foyers qu’ils garantissent, leurs femmes, leurs enfans, le bonheur unique de leur vie ; et on se bat bien pour ces choses là. Si j’ai jamais besoin de cette milice, un seul mot fera ma harangue : mes enfans, leur dirai-je, voilà vos maisons, voilà vos biens et voilà ceux qui viennent vous les ravir, marchons. Vos souverains d’Europe ont-ils de tels intérêts à offrir à leurs mercenaires qui,