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tinés à conserver éternellement des goûts factices ? Le sucre, le tabac, les épices, le café, etc. valent-ils les hommes que vous sacrifiez pour ces misères ?

Le commerce étranger, selon moi, n’est utile qu’autant qu’une nation a trop ou trop peu. Si elle a trop, elle peut échanger son superflu contre des objets d’agrément ou de frivolité ; le luxe peut se permettre à l’opulence : et si elle n’a pas assez, il est tout simple qu’elle aille chercher ce qu’il lui faut. Mais vous n’êtes dans aucuns de ces cas en France ; vous avez fort peu de superflu et rien ne vous manque. Vous êtes dans la juste position qui doit rendre un peuple heureux de ce qu’il a, riche de son sol, sans avoir besoin ni d’acquérir pour être bien, ni d’échanger pour être mieux. Ce pays abondant ne vous procure-t-il pas au delà de vos besoins, sans que vous soyez obligés ou d’établir des colonies, ou d’envoyer des vaisseaux dans les trois parties du monde pour ajouter à votre bien-être ? Plus avantageusement situé