Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peine de mort en punira-t-elle l’infracteur ? À Dieu ne plaise. Le souverain Être peut disposer lui-seul de la vie des hommes ; je me croirais criminel moi-même à l’instant où j’oserais usurper ces droits. Accoutumés à vous forger un Dieu barbare et sanguinaire, vous autres Européens ; accoutumés à supposer un lieu de tourmens, où vont tous ceux que ce Dieu condamne, vous avez cru imiter sa justice, en inventant de même des macérations et des meurtres ; et vous n’avez pas senti que vous n’établissiez cette nécessité du plus grand des crimes, la destruction de son semblable, que vous ne l’établissiez, dis-je, que sur une chimère née de vos seules imaginations. Mon ami, continua cet honnête homme, en me serrant les mains, l’idée que le mal puisse jamais amener le bien, est un des vertiges le plus effrayant de la tête des sots. L’homme est faible, il a été créé tel par la main de Dieu ; ce n’est, ni à moi de sonder, sur cela, les raisons de