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furent impitoyablement cassés. Les religieuses appellées, le projet du transport de la sainte approuvé, il ne fut plus question que d’agir.

Ce fut alors que j’écrivis le billet convenu à Léonore ; je lui recommandai de se trouver le soir même à l’entrée de la chapelle de Sainte Ultrogote avec le moins de vêtemens possible, parce que j’en avois de sanctifiés à lui fournir, dont la vertu magique serait de la faire aussi-tôt disparoître du couvent.

Léonore, ne me comprenant point, vint aussi-tôt me trouver chez ma tante. Comme nous avions ménagé nos rendez-vous, ils n’étonnèrent personne. On nous laissa seuls un instant, et j’expliquai tout le mystère.

Le premier mouvement de Léonore fut de rire. L’esprit qu’elle avait ne s’arrangeant pas avec le bigotisme, elle ne vit d’abord rien que de très-plaisant au projet de lui faire prendre la place d’une statue miraculeuse ; mais la réflexion refroidit bientôt sa gaîté… Il fallait passer la nuit là…