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et bien autrement dangereuse, toujours élevée entre le Monarque qu’elle gêne, et la Nation qu’elle subjugue me parut mériter toute mon attention : vous comprenez que je veux parler de ces petits despotes subalternes, naturellement portés par état à la rébellion, armé du glaive qui punit sans corriger, et de l’autorité qui balance sans contenir ; je me demandai à quoi de tels gens étaient bons ? quelle nécessité il y avait de maintenir une puissance intermédiaire entre la Nation et son chef ? Que peut-il résulter de deux pouvoirs toujours enchaînés, toujours contenus l’un par l’autre, qu’en peut-il émaner, dis-je, sinon des actes faibles et gênés, prouvant l’esclavage à chaque trait ? Si le Prince a de bonnes intentions, à quoi sert-il que son Parlement le captive ? et si le Parlement en a de mauvaises, ce que son infériorité doit faire supposer, le Roi, jaloux d’agir seul à son tour, l’empêchera-t-il d’agir seul au sien ? Qu’est-ce qu’une autorité tempérée par l’autre ? un conflit de jurisdiction perpé-