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rompue par ce faux systême des différences ; je dus donc réussir plus facilement.

Le projet de l’égalité admis, j’étudiai la seconde cause des malheurs de l’homme, je la trouvai dans ses passions, perpétuellement entr’elles et des loix, tour-à-tour victime des unes ou des autres, je me convainquis que la seule manière de le rendre moins malheureux, dans cette partie, était qu’il eût et moins de passions et moins de loix. Autre opération plus aisée qu’on ne se l’imagine : en supprimant le luxe, en introduisant l’égalité, j’anéantissais déjà l’orgueil, la cupidité, l’avarice et l’ambition. De quoi s’enorgueillir quand tout est égal ; si ce n’est de ses talens ou de ses vertus ; que desirer, quelles richesses enfouir, quel rang ambitionner, quand toutes les fortunes se ressemblent, et que chacun possède au-delà de ce qui doit satisfaire ses besoins ? Les besoins de l’homme sont égaux : Apicius[1] n’avait pas un

  1. Le plus gourmand et le plus débauché