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pondance à tous les peuples du monde, à devenir le frère et l’ami du chrétien comme de l’Arabe, de l’adorateur de Foé, comme du sectateur d’Ali, à doubler ses fonds en se rendant utile à ses compatriotes, à se trouver, en un mot, soi et les siens, riches de tous les dons de l’art et de la nature, resplendissant du luxe de tous les habitans de la terre, heureux de toutes leurs félicités, sans avoir quitté ses lambris. Le négociateur, plus souple, m’initiait dans les intérêts des Princes ; son œil perçant le voile épais des siècles futurs, il calculait, il appréciait avec moi les révolutions de tous les Empires, d’après leur état actuel, d’après leurs mœurs et leurs opinions, mais en m’ouvrant le cabinet des Princes, il arrachait des larmes de mes yeux ; il me montrait dans tous, l’orgueil et l’intérêt immolant le peuple aux pieds des autels de la fortune, et le trône de ces ambitieux élevés par-tout sur des fleuves de sang. L’homme de cour, enfin, plus léger et plus faux, m’apprenait à tromper les Rois,