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épais sur les yeux de leur maître, tu dévoileras les vices du gouvernement ; étudie-les pour les éviter ; l’obligation de faire la félicité de son peuple est si essentielle, il est si doux d’y parvenir, si affreux d’échouer, qu’un Souverain ne doit avoir d’instans heureux dans la vie, que ceux où ses efforts réussissent.

La diversité des cultes va te surprendre : par-tout tu verras l’homme infatué du sien, s’imaginer que celui-là seul est le bon, que celui-là seul lui vient d’un Dieu qui n’en a jamais dit plus à l’un qu’à l’autre ; en les examinant philosophiquement tous, songe que le culte n’est utile à l’homme, qu’autant qu’il prête des forces à la morale, qu’autant qu’il peut devenir un frein à la perversité ; il faut pour cela qu’il soit pur et simple : s’il n’offre à tes yeux que de vaines cérémonies, que de monstrueux dogmes, et que d’imbéciles mystères, fuis ce culte, il est faux, il est dangereux, il ne serait dans ta Nation qu’une source intarissable de meurtres et de crimes, et tu