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laquelle il était venu à bout de s’entendre, qu’il n’était resté dans l’isle que par l’excessif attachement qu’un si bon peuple lui avait inspiré ; qu’il voulait le garantir des malheurs que lui présageait la découverte que sa Nation venait d’en faire, puis montrant aux chefs réunis un canton de cette isle où nous sommes assez malheureux, pour avoir une mine d’or : « Mes amis, leur dit-il, voilà ce qui irrite la soif des gens de ma Patrie, ce vil métal, dont vous ignorez l’usage, que vous foulez aux pieds sans y prendre garde, est le plus cher objet de leurs desirs ; pour l’arracher des entrailles de votre terre, ils reviendront en force, ils vous subjugueront, ils vous enchaîneront, ils vous extermineront, et ce qui sera pis peut-être, ils vous relégueront, comme ils font chaque jour, eux et leurs voisins (les Espagnols), dans un continent à quelques cent lieues de vous, dont vous ne connaissez pas la situation, et qui abonde également en ces sortes de richesses. J’ai cru pouvoir vous sauver de leur rapacité en demeurant parmi