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Léonore, dis-je à ma chère maîtresse, dès qu’il me fut possible de l’approcher : ô Léonore, me voilà en état de vous presser d’exécuter nos sermens ; j’ai de quoi vivre, et pour vous, et pour moi, le reste de nos jours. Ne perdons pas un instant, éloignons-nous. — Franchir les murs, me dit Léonore effrayée ; nous ne le pourrons jamais. — Rien n’est impossible à l’amour, m’écriai-je ; laissez-vous diriger par lui, nous serons réunis demain. Cette aimable fille m’oppose encore quelques scrupules, me fait entrevoir des difficultés ; mais je la conjure de ne se rendre, comme moi, qu’au sentiment qui nous enflâmme… Elle frémit… Elle promet, et nous convenons de nous éviter, et de ne plus nous revoir, qu’au moment de l’exécution. Je vais y réfléchir, lui dis-je, ma tante vous remettra un billet ; vous ferez ce qu’il contiendra ; nous nous verrons encore une fois, pour disposer tout, et nous partirons.

Je ne voulais point mettre ma tante dans une telle confidence. Accepterait-elle de