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de quelle Nation j’étais ?… De celle dont vous parlez la langue, dis-je en le saluant. — Je la connais, me répondit Zamé, j’ai habité trois ans votre Patrie, nous en raisonnerons ensemble… Mais ceux qui vous suivent n’en paraissent pas. — Non, ils sont Hollandais… Et il leur adressa aussi-tôt quelques paroles flatteuses dans leur langue. — Vous vous étonnez de rencontrer un sauvage aussi instruit, me dit-il ensuite. Venez, venez, suivez-moi, j’éclaircirai ce qui vous étonne, je vous raconterai mon histoire.

Nous entrâmes à sa suite dans le palais : les meubles en étaient simples et propres, plus à l’asiatique qu’à l’européenne, quoiqu’il y en eût quelques uns totalement à l’usage de notre Nation. Six femmes, fort belles, en entouraient une d’environ 60 ans, et toutes se levèrent à notre arrivée. — Voilà ma femme, me dit Zamé en me présentant la plus vieille ; ces trois-ci sont mes filles, ces trois autres sont nos amies ; j’ai de plus deux garçons : s’ils vous savaient ici, ils y