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accompagnaient ; tous s’empressaient de l’approcher ; tous jouissaient en le voyant, et il fit des gestes d’amitié à tous.

Grand par ses seules vertus, respecté par sa seule sagesse, gardé par le seul cœur du peuple, je me crus transporté, en le voyant, dans ces temps heureux de l’âge d’or, où les rois n’étaient que les amis de leurs sujets, où les sujets n’étaient que les enfans de leurs princes. Je crus voir enfin Sésostris, au milieu de la ville de Thèbes.

Zamé, (c’était le nom de cet homme rare), pouvait avoir 70 ans, à peine en paraissait-il cinquante ; il était grand, d’une figure agréable, le port noble, le sourire gracieux, l’œil vif, le front orné des plus beaux cheveux blancs, et réunissant enfin à l’agrément de l’âge mûr toute la majesté de la vieillesse.

Dès qu’il nous vit, il nous reconnut pour Européens, et sachant que le français est l’idiome commun de ce continent, il me demanda tout de suite dans cette langue,