Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des frontières du pays des Hottentots, que je ne le croyais. Le lendemain, je vis sur les bords de la rivière de Berg, qui mouille deux ou trois bourgades hollandaises, dont la chaîne se prolonge depuis le Cap, jusqu’à cent cinquante lieues, dans l’intérieur de l’Afrique ; je trouvai ces Colons tellement dénaturalisés, ils y vivaient si bien à la manière du pays, qu’il devenait très-difficile de les distinguer des indigênes. Il y en a parmi eux, qui ne sont que les petits enfans des Hollandais du Cap, et qui n’y ont jamais été de leur vie ; fils d’Européens et d’Hottentots, on ne saurait démêler ce qu’ils sont ; on ne peut plus même les entendre. Je fus reçu néanmoins avec toute sorte d’humanité, dans ces établissemens ; ils me reconnurent pour Européen ; mais ce ne fut que par signe, que je pus démêler leur idée sur cela, et que je parvins à leur faire comprendre les miennes ; il n’y eut jamais moyen de se parler.

J’avais d’abord eu le projet de suivre le cours du Berg, et de ne point perdre de