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cela aucune distance entr’eux : voilà l’argument d’après lequel ils partent pour molester leurs femmes, qui, selon leur manière de penser, ne sont que des animaux inférieurs à eux, et sur lesquels la nature leur donne toute espèce de droits ; quant à leur égarement de débauche, l’homme, disent-ils, est conformé de manière à ce que telle chose peut plaire à l’un, et doit déplaire à l’autre : or, dès que la nature lui a soumis des êtres, qui, par leur faiblesse, doivent indifféremment satisfaire ou l’un ou l’autre de ces besoins, ils ne peuvent devenir des crimes ; d’un côté, l’homme reçoit des goûts ; de l’autre, il a ce qu’il faut pour se contenter : quelle apparence que la nature eût réuni ces deux moyens, si elle était offensée de la manière dont on en use.

Tout ce que je viens de dire, continua le Portugais en terminant son récit, va redoubler sans doute l’horreur que tu ressens déjà pour ce peuple, et d’après l’obligation où te voilà d’y vivre, j’ai peut-être eu tort de te donner autant de détails. — Sois bien