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rieuse à la puissance de l’Être qui ne nous a donné cette ame immortelle que pour arriver par son moyen à la sublime idée de son existence, d’où découle naturellement la suite et la nécessité de nos devoirs, tant envers ce Dieu saint et puissant, que relativement aux autres créatures, au milieu desquelles il nous a placé ; sans, dis-je, me permettre de lui répondre un mot, le Portugais, qui n’aimait point qu’on le contrariât, reprit ainsi le fil de sa description.

La connaissance que tu as des mœurs, des coutumes, des loix et de la religion des habitans du Royaume de Butua, te fait aisément deviner leur morale ; aucuns de leurs actes de tyrannie et de cruauté, aucuns de leurs excès de débauche, aucunes de leurs hostilités ne passent pour des crimes chez eux. Pour légitimer les premiers articles, ils disent que la nature, en créant des individus inégaux, a prouvé qu’il y en avait quelques-uns qui devaient être soumis aux autres ; elle n’eût mis sans