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appartenir au moral ; mon ami, il faut être fou pour croire un instant que ce qui nous fait exister soit autre chose que la combinaison particulière des élémens qui nous constituent : altérez ces élémens, vous altérez l’ame ; séparez-les, tout s’anéantit ; l’ame est donc dans ces élémens, elle n’en est donc que le résultat, mais n’en est point une chose distincte ; elle est au corps ce que la flamme est à la matière qui le consume : ces deux choses agiraient-elles l’une sans l’autre ? la flamme existerait-elle sans l’élément qui l’entretient ? et reversiblement, celui-ci se consumerait-il sans la flamme ? Ah ! mon ami, sois bien en repos sur le sort de ton ame après cette vie,… elle ne sera pas plus malheureuse qu’elle l’était avant d’animer ton corps, et tu ne seras pas plus à plaindre pour avoir végété malgré toi quelques instans sur le globe, que tu ne l’étais avant d’y paraître. — Sans me donner le tems de détruire ou de réfuter une opinion si contraire à la raison et à la délicatesse de l’homme sensible, si inju-