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ment destructive de toute félicité sur la terre. — Ami, dis-je à Sarmiento, il me paraît que tes systêmes… — Sont invariables sur ce point, répondit le Portugais ; c’est vouloir s’aveugler à plaisir, que d’imaginer que quelque chose de nous survive ; c’est se refuser à tous les argumens démonstratifs de la raison et du bon sens, c’est contrarier toutes les leçons que la nature nous offre, que de distinguer en nous quelque chose de la matière ; c’est en méconnaître les propriétés, que de ne pas voir qu’elle est susceptible de toutes les opérations possibles par la seule différence de ses modifications… Ah ! si cette ame sublime devait nous survivre, si elle était d’une substance immatérielle, s’altérerait-elle avec nos organes ? croîtrait-elle avec nos forces ? dégénérerait-elle au déclin de notre âge ? serait-elle vigoureuse et saine, quand rien ne souffre en nous ? Triste, abattue, languissante sitôt que se dérange notre santé, une ame qui suit aussi constamment toutes les variations du physique, ne peut guères