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cérémonie, et sans plus de façon qu’on n’en ferait pour un animal. De quelle nécessité sont nos usages sur cela ? Un homme mort n’est plus bon à rien ; il ne sent plus rien ; c’est une folie que d’imaginer qu’on lui doive autre chose que de le placer dans un coin de terre, n’importe où ; quelquefois ils le mangent, quand il n’est pas mort de maladie. Mais, quelque chose qu’il arrive, les prêtres n’ont rien à faire en cet instant, et quelque soient leurs vexations sur tout le reste, elle ne s’étend pas cependant jusqu’à se faire ridiculement payer du droit de rendre un cadavre aux éléments qui l’ont formé.

Leurs notions sur le sort des ames, après cette vie, sont fort confuses ; d’abord, ils ne croient pas que l’ame soit une chose distincte du corps ; ils disent qu’elle n’est que le résultat de la sorte d’organisation que nous avons reçue de la nature, que chaque genre d’organisation nécessite une ame différente, et que telle est la seule distance qu’il y ait entre les animaux et nous. Ce