Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

échouées sur les côtes des Jagas, tient d’elles une petite quantité d’ouvrages plus précieux, que tu pourras voir dans son palais. Le peu qu’il a connu de ces femmes l’en a rendu très-friand, et il paierait d’une partie de son Royaume celles qu’on pourrait lui procurer.

Entièrement privé de sensibilité, et peut-être en cela plus heureux que nous, ces sauvages n’imaginent pas qu’on puisse s’affliger de la mort d’un parent ou d’un ami ; ils voient expirer l’un ou l’autre sans la plus légère marque d’altération, souvent même ils les achèvent, quand ils les voient sans espérance de guérir, ou parvenus à un âge trop avancé, et cela sans penser faire le plus petit mal. Il vaut mille fois mieux, disent-ils, se défaire de gens qui souffrent, ou qui sont inutiles, que de les laisser dans un monde dont ils ne connaissent plus que les horreurs.

Leur manière d’enterrer les morts, est de placer tout simplement le cadavre au pied d’un arbre, sans nulle respect, sans aucune