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à ce qu’il me disait, quels motifs allèguent-ils pour me la refuser ? — Le desir de faire un établissement bien meilleur ; dussé-je faiblir sur mes intentions, n’imaginez jamais de voir changer les leurs : ou leur fille épousera celui qu’on lui destine, ou on la forcera de prendre le voile. Je m’en tins là, je ne voulais pour l’instant qu’être instruit du genre des obstacles, afin de me décider au parti qui me resterait pour les rompre. Je suppliai donc mon père de m’accorder huit jours, et je lui promis de me rendre incessamment après où il lui plairait de m’exiler. J’obtins le délai désiré, et vous imaginez facilement que je n’en profitai que pour travailler à détruire tout ce qui s’opposait au dessein que Léonore et moi avions de nous réunir à jamais.

J’avais une tante religieuse au même Couvent où on venait d’enfermer Léonore ; ce hasard me fit concevoir les plus hardis projets : je contai mes malheurs à cette parente, et fus assez heureux pour l’y