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Les crimes contre la religion, continue le Portugais, existent ici comme dans notre Europe, et y sont même plus sévèrement punis[1] ; le premier prêtre en devient le souverain juge et l’exécuteur : un mot contre le clergé ou contre l’idole, quelques négligences au service public du temple, l’inobservance de quelques fêtes, le refus de placer ses enfans dans les écoles, tout cela est puni de mort : on dirait que ce malheureux peuple, pressé de voir sa fin, imagine avec soin tout ce qui peut l’accélérer.

Ignorant absolument l’art de transmettre les faits, soit par l’écriture, soit par les signes hiéroglyfiques, ce peuple n’a conservé aucuns mémoriaux qui puissent servir à la connaissance de sa généalogie ou de son histoire ; il ne s’en croit pas moins le peuple le plus ancien de la terre : il dominait

  1. Les rigueurs théocratiques étayent toujours l’aristocratie ; la religion n’est que le moyen de la tyrannie ; elle la soutient, elle lui prête des forces. Le premier devoir d’un Gouvernement libre, ou qui recouvre sa liberté, doit