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fit fleurir un peuple, puisse jamais en dégrader un autre. Que le soin de la cure de ces infidèles regarde uniquement le sexe qu’ils dépriment ; que ce soit avec des chaînes de fleurs que l’amour les ramène en son temple ; mais s’ils les brisent, s’ils résistent au joug de ce Dieu, ne crois pas que des invectives ou des sarcasmes, que des fers ou des bourreaux les convertissent plus sûrement : on fait avec les uns des stupides, et des lâches, des fanatiques avec les autres ; on s’est rendu coupable de bêtises et de cruautés, et on n’a pas un vice de moins[1].

Mais reprenons : quel fruit recueilleras-tu de la description que tu me demandes, si tu en interromps sans cesse le récit ?

  1. « Quant aux peines infligées contre l’ennemi des plaisirs purs et chastes de la nature, elles doivent dépendre du caractère de la nation que gouverne le législateur ; sans cela, la loi qui protège les mœurs peut devenir aussi dangereuse que leur infraction. »
    Philosophie de la Nature, tome I, page 267.