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nature tendaient à ce que rien ne fût perdu, elle consentirait à perdre autant[1], et si cette perte est indiquée par ses propres loix, pouvons-nous légitimement contraindre les nôtres à punir ce qu’elle exige elle-même ? La propagation n’est certainement pas une loi de la nature, elle n’en est qu’une tolérance : a-t-elle eu besoin de nous, pour produire les premières espèces ? N’imaginons pas que nous lui soyons plus nécessaires pour les conserver, si l’existence de ces espèces était essentielle à ses plans ; ce que nous adoptons de contraire à cette opinion, n’est que le fruit de notre orgueil.

Quand il n’y aurait pas un seul homme

  1. À combien peu d’années seroit réduit le temps de cette fertilité, si l’on avoit, en supposant la femme grosse tous les ans, retranché les neuf mois, où quelque semence que le champ reçoive, il ne peut plus cependant rapporter ; la fertilité de la femme qu’on suppose, ne s’étendroit plus qu’à 81 mois sur 70 ans. Quelle preuve de plus pour l’assertion.