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elle au même instant où la mienne allait me contraindre à en accepter un.

Léonore fut avertie la première ; elle m’instruisit de nos malheurs ; elle me jura que si je voulais être ferme, quels que fussent les inconvéniens que nous éprouvassions, nous serions pour toujours l’un à l’autre ; je ne vous rends point la joie que m’inspira cet aveu, je ne vous peindrai que l’ivresse avec laquelle j’y répondis.

Léonore, née riche, fut présentée au Comte de Folange, dont l’état et les biens devaient la faire jouir à Paris du sort le plus heureux ; et malgré ces avantages de la fortune, malgré tous ceux que la nature avait prodigués au Comte, Léonore n’accepta point : un couvent paya ses refus.

Je venais d’éprouver une partie des mêmes malheurs : on m’avait offert une des plus riches héritières de notre province, et je l’avais refusée avec une si grande dureté, avec une assurance si positive à mon père, qu’ou j’épouserais Léonore, ou que