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galité des conditions, et tous les malheurs qui en résultent. Les hommes sont tous frères, chez le peuple médiocre et frugal ; ils ne se connaissent plus, quand le luxe les déguise et que la population les avilit ; à mesure qu’augmentent l’une et l’autre de ces choses, les droits du plus fort naissent insensiblement ; ils asservissent le plus faible, le despotisme s’établit, le peuple se dégrade, et se trouve bientôt écrasé sous le poids des fers, que sa propre abondance lui forge[1] ; ce qui diminue la population dans un État, sert donc cet État, au lieu de lui nuire ; politiquement considéré, voilà donc ce vice si abominable,

  1. Voici sans doute l’endroit où Sarmiento doit, suivant ce qu’il a dit, contrarier ses principes ; car nous avons vu, et nous verrons encore qu’il est bien loin d’être le partisan de l’égalité, il arrive souvent que pour étayer un systême, quand on le discute avec un homme prévenu, on est obligé de donner entorse à quelqu’un de ses principes, pour mieux convaincre l’adversaire en parlant de ses mœurs ou des opinions qu’il a. Il est clair que c’est ici l’histoire du Portugais.