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chers Français, qui ne s’aperçoivent pas que si leur gouvernement les traite avec tant d’indifférence, que si leur fuite, leur mort le touche si peu, que si leurs loix les sacrifient chaque jour si inhumainement, ce n’est qu’à cause de leur trop grande population ; que si cette population était moindre, ils deviendraient bien autrement chers à cet État qui se moque d’eux, et seraient bien autrement épargnés par le glaive atroce de Thémis ; mais laissons ces imbéciles crier tout à leur aise ; laissons-les remplir leurs dégoûtantes compilations de projets fastueux, pour augmenter le nombre des hommes, dont l’excès forme déjà un des plus grands vices de leur État, et voyons seulement si ce qu’ils désirent est un bien. J’ose dire que non : j’ose assurer que par-tout où la population et le luxe seront médiocres, l’égalité, dont tu parais si partisan, sera plus entiere, et par conséquent, le bonheur de l’individu, plus certain. C’est l’abondance du peuple, et l’accroissement du luxe, qui produit l’iné-