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Ce qui rend au monarque de Butua sa postérité indifférente, c’est qu’elle ne règne point après lui. Il n’en est pas de même de ses dix-huit grands vassaux ; les enfans succèdent au père dans leurs fiefs. Dès que le chef est mort, le fils aîné s’empare du gouvernement, du logis, et réduit sa mère et ses sœurs dans la dernière servitude ; elles n’ont plus rang dans sa maison, qu’après les esclaves de sa femme, à moins qu’il ne veuille épouser une d’elles ; dans ce cas, elle est hors de cette abjection ; mais celle où l’usage la fait retomber, comme épouse, n’est-elle pas aussi dure ? Si la mère est grosse, quand le père meurt, il faut qu’elle fasse périr son fruit, autrement l’héritier la tuerait elle-même.

À l’égard du roi, dès qu’il meurt, les chefs s’assemblent, et les barbares confondant, à l’exemple des Jagas leurs voisins, la cruauté avec la bravoure[1], n’élisent

  1. La bravoure et la férocité ont un sens où elles peuvent se confondre. En quoi con-