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çoit de son cruel mari. Souvent bien plus féroce encore, il ne la laisse pas venir au terme, sans détruire son ouvrage, dans le sein même de sa compagne ; malgré tant d’opposition, ce malheureux fruit vient-il à voir le jour, s’il déplaît au père, il le fait périr à l’instant ; mais la mère n’a nul droit sur lui : elle n’en acquiert pas davantage, quand il atteint l’âge raisonnable ; il arrive souvent alors qu’il se joint à son père, pour maltraiter celle dont il a reçu la vie[1]. Les femmes du peuple ne sont pas les seules qui soient ainsi traitées ; celles des grands partagent cette ignominie. On a peine à croire à quel degré d’abaissement et d’humiliation ceux-ci réduisent leurs épouses, toujours tremblantes, toujours prêtes à

  1. Il est vraisemblable que ce peuple tient cette exécrable coutume, de ses voisins les Hottentots, où elle est générale ; une chose plus singulière est que le capitaine Cook l’ait trouvée dans plusieurs de ses découvertes, et particulièrement à la nouvelle Zélande.