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de la vertu, ne vaut-il pas mieux s’en détourner un peu, pour arriver à la lumière, que d’être toujours dupe et bon dans les ténèbres ? — J’aime mieux être faible et vertueux, que téméraire et corrompu. Ton âme s’est dégradée à la dangereuse école du monstre affreux dont tu habites la cour. — Non, c’est la faute de la nature ; elle m’a donné une sorte d’organisation vigoureuse, qui semble s’accroître avec l’âge, et qui ne saurait s’arranger aux préjugés vulgaires ; ce que tu nommais en moi dépravation, n’est qu’une suite de mon existence ; j’ai trouvé le bonheur dans mes systêmes, et n’y ai jamais connu le remord. C’est de cette tranquillité, dans la route du mal, que je me suis convaincu de l’indifférence des actions de l’homme. Allumant le flambeau de la philosophie à l’ardent foyer des passions, j’ai distingué à sa lueur, qu’une des premières loix de la nature, était de varier toutes ses œuvres, et que dans leur seule opposition, se trouvait l’équilibre qui