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celle de l’esprit, ajoute à celle des sens ; or, le despotisme, fils de l’orgueil, peut donc, comme lui, rendre une jouissance plus vive. Jette les yeux sur les animaux ; regarde s’ils ne conservent pas cette supériorité si flatteuse, ce despotisme si sensuel, que tu cedes imbécillement. Vois la manière impérieuse dont ils jouissent de leurs femelles. Le peu de desir qu’ils ont de faire partager ce qu’ils sentent, l’indifférence qu’ils éprouvent, quand le besoin n’existe plus, et n’est-ce pas toujours chez eux, que la nature nous donne des lecons ? Mais règlons nos idées sur ses opérations : si elle eût voulu de l’égalité dans le sentiment de ces plaisirs-là, elle en eût mis dans la construction des créatures qui doivent le ressentir ; nous voyons pourtant le contraire. Or, s’il y a une supériorité établie, décidée de l’un des deux sexes sur l’autre, comment ne pas se convaincre qu’elle est une preuve de l’intention qu’a la nature, que cette force, que cette autorité, toujours manifestée