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sorte de gens, au lieu que la sensation ressentie du bienfait reçu, est physique et convient nécessairement à tous les individus, qualité qui la rend préférable à ce qui ne peut être aperçu que de quelques-uns ; qu’en un mot, le plaisir goûté avec l’être inerte ne peut point ne pas être entier, puisqu’il n’y a que l’agent qui l’éprouve, et de ce moment, il est donc bien plus vif. — En ce cas, il faut établir que la jouissance d’une statue sera plus douce que celle d’une femme ? — Tu ne m’entends point ; la volupté imaginée par ces gens-là, consiste en ce que le succube puisse et ne fasse pas, en ce que les facultés qu’il a et qu’il est nécessaire qu’il ait, ne s’employent qu’à doubler la sensation de l’incube, sans songer à la ressentir. — Ma foi, mon ami, je ne vois là que de la tyrannie et des sophismes. — Point de sophismes ; de la tyrannie, soit ; mais qui te dit qu’elle n’ajoute pas à la volupté ? Toutes les sensations se prêtent mutuellement des forces : l’orgueil, qui est