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cieusement organisés, ne verraient pas cette délicatesse si vantée, comme nuisible aux plaisirs qu’ils attendent. Toutes ces maximes qui te paraissent erronées, peuvent être fondées en raison ; demande à Ben Mâacoro, pourquoi il punit si sévèrement les femmes qui s’avisent de partager sa jouissance ; il te répondra avec les habitans mal organisés (selon toi), avec les habitans, dis-je, de trois parties de la terre, que la femme qui jouit autant que l’homme, s’occupe d’autre chose que des plaisirs de cet homme, et que cette distraction qui la force de s’occuper d’elle, nuit au devoir où elle est, de ne songer qu’à l’homme ; que celui qui veut jouir complettement, doit tout attirer à lui ; que ce que la femme distrait de la somme des voluptés, est toujours aux dépens de celle de l’homme ; que l’objet, dans ces momens-là, n’est pas de donner, mais de recevoir ; que le sentiment qu’on tire du bienfait accordé, n’est que moral, et ne peut dès-lors convenir qu’à une certaine